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C I N E M A T I Q U E - Page 26

  • LE REGARD ET LA VOIX

    La critique littéraire et cinématographique à l'honneur ce vendredi, avec ce texte sur Modiano, et ce point de vue sur le film d'Alain Fleischer autour des conversations de Godard.

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  • THE GHOST WRITER, DE ROMAN POLANSKI

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    The Ghost writer est sympathique en dépit de sa roublardise, ne serait-ce que parce qu'il s'obstine à tenir son sujet, à assumer sa progression dramatique sans rougir, c'est-à-dire sans jouer la digression, à oser maintenir de bout en bout un style et une morale néo-classiques quand d'autres enragent de n'être jamais assez post-modernes. Ainsi, l'image présente ne sera-t-elle jamais sûre (les apparences varient dangereusement des plans américains de l'intimité aux gros plans médiatiques) tandis que ce qui a été écrit, demeure déterminant, parce qu'il dévoile et révèle (un numéro de téléphone griffonné sur une pochette, certaines phrases d'un manuscrit, un ancien parcours par GPS, une révélation scandaleuse sur un bout de papier).

    Bien sûr, les relations entre les personnages de Polanski sont toujours aussi problématiques: il y a une véritable ambivalence empotée dans leurs liens, une difficulté à saisir chez l'un, le retentissement des propos de l'autre, à observer chez celui-ci les variations physiques, ou psychiques, favorisés par les agissements de celui-là, mais ce côté guindé et maladroit qui affleure dans chaque portrait de groupe comme dans la plupart des scènes intimistes, ajoute ici à l'atmosphère instable, concourt à la gêne du spectateur qui s'identifie au malaise du nègre de l'ex-premier ministre (le « ghost writer » du titre, sans aucune avance sur le spectateur et présent dans tous les plans), si bien qu'elle paraît acceptable. On rencontre toutefois cette même gaucherie relationnelle dans la plupart des films de Polanski, qui peut aller de soi au sein de la loufoquerie morbide de Cul-de-sac, de l'onirisme inquiétant du Locataire, du sous-texte paranoïaque de Rosemary's baby, mais paraît plutôt déplacée dans des films comme Pirates, Oliver Twist ou surtout Tess, laissant craindre une véritable incapacité à représenter des conflits et des attirances qui ne soient pas de l'ordre du simulacre, à proposer des rapports inter-individuels débarrassés de l'apparat du grotesque, même atténué. Tout comme la farce n'est souvent qu'une tragédie mal ficelée, l'ambiguïté des personnages n'est parfois qu'une approche des caractères mal dégrossie, une manière confortable, et assez arrogante, d'observer sans finesse. De même ces champs/contrechamps des plus classiques, où soudain l'axe se modifie, la focale s'élargie, un visage trop près de l'écran, une cigarette excessivement cadrée, comme pour mieux accentuer la tension dramatique, et dont on n'est jamais sûr, puisque les séquences suivantes reprennent une forme conventionnelle, que les écarts gentiment maniéristes soient bien volontaires.

    Il y a plus ennuyeux. Polanski, et cela demeure sans doute le meilleur du film, ne traite pas tant son héros selon des principes hitchcockiens que langiens puisque celui-ci a moins à faire avec une manipulation à déjouer qu'une culpabilité, la sienne, à refouler. Cependant, il ne fait respirer son film que par des détails sur-signifiants, éparpillés à intervalles réguliers, qui en atténuent la gravité et la replace dans un jeu verrouillé, où la justesse de l'enjeu moral compte moins finalement que le timing du découpage. Ainsi toutes ces vignettes (le jardinier qui lutte en vain contre le vent, la réceptionniste costumée de l'hôtel, le vieil Eli Wallach au discours décisif, les chaussons du nègre d'avant), qui apparaissent entre des rideaux, sous un couvre-lit, derrière une vitre, comme pour mieux assurer de leur nature théâtrale, viennent-elles alourdir le propos, secrets métaphoriques derrière la porte qui insistent et en rajoutent sur la valse des apparences et l'inutilité des énigmes, sur la satire comme horizon.

    Il serait vain de nier le plaisir que procure la vision de The Ghost writer, mais le plaisir aussi peut laisser sur sa faim.

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  • INFRANCHI

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    Dans l'amour, comme dans presque toutes les affaires humaines, l'entente cordiale est le résultat d'un malentendu. Ce malentendu, c'est le plaisir. L'homme crie : O mon ange ! La femme roucoule : Maman ! maman ! Et ces deux imbéciles sont persuadés qu'ils pensent de concert. - Le gouffre infranchissable, qui fait l'incommunicabilité, reste infranchi.
    (Charles Baudelaire, Mon coeur mis à nu)

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  • MANIGANCES

    De retour de Mogador (il est toujours troublant de se promener dans un décor réel et le vent qui soufflait ce jour-là sur Essaouira se mariait très bien avec mes souvenirs wellesiens), ayant terminé l'exceptionnel dernier roman de Nabe (sur lequel, une fois n'est pas coutume, il faudra bien que je revienne sur "Cinématique"), j'ai découvert cette fois en entier ce Rohmer célèbre, La Collectionneuse, dont je ne connaissais que des bribes. Une merveille.

    Les liens du vendredi, ce sont alors cette belle critique que je viens de lire à cette occasion, et par ailleurs ces propos, que je partage en tous points, sur ce journal schizophrène (ou bien tout simplement moderne ?) que sont Les Inrockuptibles.

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  • PRESENCE

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    La présence est une puissante déesse. (Goethe)

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  • PISTES

    Pour ceux que l'omnipotence de BHL ne cesse d'intriguer (quand on sait à quel point sa pensée est disqualifiée et son oeuvre faisandée), il y a ce texte et ces pistes au Café du commerce.

    Pour ceux qui se désolent de la banalité ou des bouffissures de la critique littéraire sur la Toile (cf les liens du vendredi d'il y a 15 jours), une lueur d'espoir avec ce très beau texte, à la fois exigeant et lisible, ce qui est quasi-miraculeux en un lieu où s'affrontent d'ordinaire paraphrases et mots de passe.

    Enfin, ce judicieux avertissement des lecteurs de Nabe, qui devrait tous nous faire réfléchir...

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  • PANORAMA

    Les liens du vendredi, c'est d'abord l'impressionnant travail de récapitulation des palmarès de la décennie écoulée, exculsivement ceux proposés par la blogosphère cinéphile. Cette cinéphilie-là a sans doute des points communs qui la distinguent de celles qui se formulent ailleurs (quotidiens, hebdomadaires ou mensuels généralistes, revues spécialisés, radios, chaînes de télévision), ne serait-ce que dans la réactivité qu'elle permet, les débats qu'elle instaure, mais il serait intéressant d'en dresser un jour un véritable panorama critique, car elle est très certainement aussi hétérogène, aussi diverse, que celles-ci, la Toile n'étant au final qu'un support de plus.

    (En complément, le détail des palmarès des contributeurs de Kinok, dont celui de votre serviteur).

    La blogosphère cinéphile, on pense régulièrement en avoir fait le tour, et puis on se prend à découvrir avec intérêt des textes qui nous parlent, et qu'on regrette de n'avoir pas lus plus tôt. Tels ceux de ce blog-là qui m'avait échappé.

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  • CRAINTE

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    "Que les qualités de ce qu'on aime nourrissent des chagrins, on l'ignore presque toujours. On ne veut pas le voir. On le pressent cependant, dans la crainte qui s'attache aux choses vraiment belles, on tourne autour, on se garde d'ouvrir la porte, sachant ce qui se cache derrière, avec sa face atroce. Vivre n'est possible que si la porte demeure fermée."

    (Pierre Jourde, Pays perdu)

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  • EMOTIONS

    Si l'on met de côté les sites plus ou moins officiels de lecteurs d'écrivains (certains affligeants, d'autres vivifiants), les blogs d'écrivains (assez rares tout compte faits, et les meilleurs sont ci-contre!), les sites promotionnels d'écrivains (sans intérêt aucun, à l'instar d'un quelconque blog de politique ou d'éditorialiste), la littérature sur la Toile (qu'elle apparaisse sur le mode de la critique ou de la création) fait en général la part belle aux faits anodins transcrit d'une terrifiante écriture blanche, aux tentatives avortées de fictions lourdes, aux analyses qui paraphrasent (et qui font la claque) ou à celles qui tournent en rond dans le pré carré de leurs obsessions (avec Majuscules, écheveau de phrases sans souffle mais très endurantes, lieux communs emphatiques etc...).

    Les liens de ce vendredi montrent cependant qu'une autre critique (ici) et une autre écriture () sont possibles. Ce dernier texte, qui a provoqué en moi ce "tremblement constant" dont parlait Bachelard au sujet de Paulina 1880 de Pierre Jean Jouve, est tout simplement bouleversant.

     

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  • RISQUE

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    "Et si nous vivions au fond une époque fort peu sexuée, où l'image de soi passerait de moins en moins par l'autre en tant qu'il est durablement identifié mais par "les autres" comme forme abstraite du "on" ? (...) Une société dans laquelle la compulsion de répétition, qui naît et meurt sur place, remplacerait les apprentissages, certes dangereux - puisqu'ils amènent à se quitter soi-même pour, peut-être, se trouver ou bien se laisser engloutir dans le gouffre du monde, - mais féconds."

    (Pierre Le Vigan, Le Front du cachalot)

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  • ANTHOLOGIE

    Les liens de ce vendredi seront cinéphiliques en diable :

    Un extrait saisissant du film inédit de Welles, The other side of the wind, déniché par l'indispensable Pradoc, dont je n'hésite pas à reproduire la dernière remarque : "Certaines personnes ne supportent pas que je me prétende écrivain. Il me suppose de l’orgueil et voudrait partager ce qu’il croit être un trésor, que je n’ai pas le droit de réclamer. Ce qu’ils ignorent, c’est qu’il s’agit d’un trésor d’enfant : Une boîte à chaussures, une ficelle, un élastique, un briquet. Voilà la littérature en ma possession."

    A la suite du beau palmarès de Griffe, une discussion d'anthologie dans les commentaires, entre Ed(isdead) et Père Delauche, qui ravira les observateurs de la querelle Positif/Cahiers.

    Pour ceux qui ne le connaîtraient pas, le vidéoclip que tourna Rohmer.

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  • ANDROGYNE

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    "Dans une société démocratique, à partir du moment où les conditions s'égalisent, toute différence devient intolérable. La différence homme-femme devient un problème majeur, alors qu'elle l'était beaucoup moins dans les sociétés aristocratiques, où la galanterie régissait les rapports entre les sexes... On voit aujourd'hui que, pour beaucoup, l'enjeu n'est pas d'amener la société et les individus qui la composent à repenser la différence sexuelle comme une richesse féconde, mais bien d'imposer un ordre nouveau, celui de l'androgyne narcissique à la sexualité indéfinie."
    (Natacha Polony)

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  • ANIMAL

    Le lien du vendredi, c'est le nouveau numéro de la revue Eléments, qui se permet de traiter d'Alexandre Mathis et de Pascal Quignard, d'Henry de Monfreid et de Mona Ozouf, de Jean-François Davy et de Roberto Rossellini, de Whitehead et de Levi-Strauss, avec un dossier central qui en substance tourne autour de cette drôle de question : l'animal est-il un homme comme les autres ?

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  • ROHMERIENS

    Les liens du vendredi, ce sont ces quelques textes, ici, ici aussi, , là encore, là enfin, qui ont tous en commun l'approche sensible de l'oeuvre rohmérien.

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