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  • LAISSE-MOI ENTRER, DE MATT REEVES

     

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       Des enfants qui n'ont pas de parents cessent d'être humains. Un amour qui a autant besoin de sang que de vers hendécasyllabiques cesse d'être courtois. Une Juliette qu'aucun Roméo n'a eut la stupidité de rejoindre sur sa couche mortuaire est une nosferatu. Un Roméo qui a pris soin de mettre sa mie à l'abri d'une malle-cercueil est un non-vivant - ensemble, ils sillonnent le monde, notamment « l'Israël américain de Dieu », ces Etats-Unis dont ils se font joie à chaque étape du Scholomance-express de saigner à blanc les piquets de prière. Un cinéma qui dans ses contenus, non seulement dans sa technique, pousse aussi loin que possible non pas l'art du reflet (où reste quelque petite dissemblance et, avec elle, la possibilité du travail qui toujours veut qu'on soit au moins deux) mais celui de la reproduction du même - ce cinéma-là cesse d'être interactif, pas de sotte 3D pour lui, ni de retraite sans décote à 67 ans.

    (Jacques Sicard)

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  • La Mort au cinéma

    Il y a un peu moins d'un an, le questionnaire "Erotisme et cinéma" proposé par votre serviteur, avait eu un certain succès, avec les contributions d'éminents blogueurs cinéphiles, ou de lecteurs qui ne l'étaient pas moins, et quelques noms indispensables lorsqu'on aborde ce sujet, Jean-Pierre Bouyxou et Gérard Lenne notamment. L'envie d'en fabriquer son pendant a vite germé, notamment dans l'esprit retors de Frédérique, l'indéfectible et trouble union d'Eros et de Thanatos n'étant plus a démontrer.

    En ces fêtes de Toussaint, voici donc le questionnaire "La Mort au cinéma" qui j'espère ne vous laissera pas de marbre. Absent pour la semaine, je le laisse à votre disposition et n'ajouterai les miennes qu'en revenant. Il sera temps alors d'analyser le spectre des réponses qui devrait nous réserver quelques surprises.

    Dans les commentaires ci-dessous :

    Les solides références de jeff.

    L'ironique désarroi de pradoc (à retrouver aussi ).

    Les réponses souvent dédoublées de Damien (de sable).

    L'exigeante cinéphilie de Christophe (à découvrir également ici).

    L'intrigant bis de Rom (par ailleurs ).

    L'insolite contribution de Préau (tous les derniers jours du mois, à ne pas manquer ici).

    L'hitchcockienne liste de Issa.

    Le bel éclectisme de Michel Marmin

     

    Sur leur blog respectif :

    L'impétueuse Frédérique se met en quatre.

    Le toujours très fordien Vincent, en deux.

    Le bien-nommé Ed(isdead) ne s'en laisse pas conter.

    Le Dr Orlof fait honneur à son patronyme.

    Timothée Gérardin fait du mauvais esprit.

    Dasola se prête au jeu (et certains de ses commentateurs aussi).

    Ran n'aime pas Brigitte Bardot mais on lui pardonne : c'est un fin languien.

    Sans oublier DavidéoCiné, Fab's Movies, Persistance rétinienne...


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    1 - Quel est le plus beau meurtre cinématographique ?

    Sans doute celui qu'on imagine, lors du plan-séquence de Frenzy, où Hitchcock laisse une jeune femme avec le meurtrier lui annonçant qu'elle est tout à fait son genre : la caméra s'éloigne lentement de l'appartement, de l'immeuble, de la rue, rejoignant le brouhaha de la ville qui couvre si bien les cris.

    2 - Quel est à vos yeux le cinéaste le plus morbide ?

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    Quentin Tarantino, pour son obsession de la menace, de la vengeance, du réglement du comptes entre futures victimes ; pour sa désinvolture ou ses sarcasmes lorsqu'un personnage succombe ; pour son goût du sang et sa libido commémorative.

    3 - Et le film le plus macabre ? 

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    Sans hésiter Cris et chuchotements de Bergman, le plus maladif de ses films étouffants.

    4 - Quel est le personnage dont la mort à l'écran vous a le plus ému ?

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     Celle de Nana, au tout dernier plan de Vivre sa vie de Godard, qui clôt aussi, irrémédiablement, ce que Jérôme Leroy appelle le monde d'avant.

    5 - Celle qui vous a le plus soulagé ?

    Le départ précipité de Bobby Peru dans Sailor et Lula de Lynch. En le revoyant récemment toutefois, l'outrance de ce film m'a semblé bien artificielle et le pervers édenté joué par William Dafoe plus comique qu'effrayant. 

    6 - Quel est votre zombi favori ?

    N'importe lequel parmi ceux qui se livrent à des exactions en brefs plans rapprochés, dans le Zombie monté par Argento, la seule version qui compte. 

    7 - Pour quelle arme du crime, gardez-vous un faible ?

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    Dans l'absurde opposition entre le verbe et l'image, il est illusoire de trancher : un bon livre, page après page, peut être très cinégénique, comme le Dario Argento de Ténèbres le prouve. 

    8 - Quelle personnification de la mort vous a le plus marqué ? 

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    Jessica Lange en mariée funèbre, dans le très beau All that jazz, de Bob Fosse, affectueuse, compatissante, à peine insistante, presque une muse.

    9 - Quelle séquence d'enterrement vous a semblé la moins convenue ? 

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    Le long plan-séquence final du Troisième homme de Carol Reed, qui fait parcourir à une femme toute la profondeur de champ d'une longue avenue du cimetière, après l'enterrement de celui qu'elle aimait, sous les yeux de celui qui espère qu'elle s'arrête. Mais elle ne s'arrête pas.

    10 - Quel est votre fantôme fétiche ?

    Je garde le souvenir de celui du sergent Lee Ermey dans Fantômes contre fantômes de Peter Jackson, parodiant avec bouffonnerie le rôle traumatisant qu'il avait tenu dans Full Metal Jacket de Kibrick, celui-ci s'inspirant de son propre personnage. Une mise en abyme complète des grandeurs et petitesses du cinéma.

    11 - Avez-vous déjà souhaité la mort d'un personnage ?

    Oui, celle de l'insupportable prisonnier de La ligne Verte (Franck Darabont), Messie de pacotille et crétin grandiloquent qui met un temps fou (3h09) à mettre tout le monde dans sa poche.

    12 - A l'approche de votre mort, si vous aviez le temps de mettre en ordre vos affaires, quel film souhaiteriez-vous avoir la possibilité de regarder une toute dernière fois ?

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     Mauvais sang de Léos Carax, qui ne dépeint d'ailleurs que les derniers jours, sublimes et douloureux, qui précèdent l'inévitable départ de Langue pendue (Denis Lavant), inadapté magnifique.

    13 - Pour quel tueur en séries avez-vous de la fascination ou à défaut de l'indulgence ?

     Mocky emploie son temps à passer par les armes tous les salauds bien placés. Dans La machine à découdre, cette activité devient littérale et son rôle de tueur en série incontrôlable lui va comme un gant.

    14 - Quel est votre vampire de chevet ?

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    Katrina jouée par Sheryl Lee dans Vampires de Carpenter, femme mordue, femme-symbole, qui passe peu à peu de l'empathie à la sauvagerie. 

    15 - Quel film retenez-vous parmi tous ceux dont le titre (original ou traduit) évoque la  mort ?

    The Dead de Huston, superbe. 

    16 - Rédigez en quelques lignes la future notice nécrologique d'une personnalité du cinéma

    J'entends déjà "Le grand saut du Guépard" avec une photo du plongeon dans La Piscine ou "Rocco a rejoint ses frères" avec quelques portraits de Gabin et de Ventura, ou encore "le dernier samouraï". Delon aura droit à tous les jeux de mots qui fleurissent misérablement à chaque départ d'acteurs ou de cinéastes trop grands pour l'époque. Cela dit, il est presque le dernier.

    17 - Quelle représentation d'exécution capitale vous a semblé la plus marquante ?

    Celle du Vent se lève, ultra-réaliste et pourtant presque poétique, d'une violence sèche et sans pathos, un condensé du cinéma de Loach. 

    18 - Quel est votre cimetière préféré ?

    Hisoire(s) du cinéma de Godard, le plus beau cimetière d'images que je connaisse. 

    19 - Possédez-vous un bien en rapport avec le cinéma que vous pourriez coucher sur votre testament ?

    Non, vraiment, je ne vois pas. 

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  • L'ECLIPSE, DE MICHELANGELO ANTONIONI

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     L'Eclipse ou la disparition de la nuit. - Longue séquence de fin, qui suit la progression du crépuscule, avec silhouettes éparses, pressées de disparaître : 42 plans en 7 minutes - les deux chiffres (7 et son multiple 42) sont climatériques, selon les anciens, à savoir chargés de menaces, lourds de dangers - cela qui s'accomplit au quarante-troisième et dernier plan : l'éclipse inversée, la lumière artificielle d'un réverbère qui occulte toute la nuit, intérieure et extérieure, présente et à venir.

    Un peu avant, Antonioni croise les persiennes sur la beauté assonante de deux yeux féminins qui alternent avec deux yeux masculins, dans une pièce obscure où les corps se sont vite baisés et aussi vite débaisés. En légère contre-plongée, on les devine. La demi-nuit de leurs visages frappée à l'oblique par une lumière qui n'est pas plus celle du soleil dont les rayons se faufilent mal entre les lamelles des volets, que celle des Cieux de l'Art sacré. C'est le reste de leurs caresses qui luit et c'est ce reste qui se réfléchit dans leurs yeux. Et qui brûle désormais sans que plus rien ne l'alimente. Brûle comme brûle, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, l'ampoule grillagée d'une cellule de privation sensorielle.

    (Jacques Sicard)

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  • 19

    Sous ses allures de féérie pop sans trouble ni chausse-trappe, Speed racer des Wachowski est sans doute leur film le plus autobiographique. Speed et Rex sont bien deux frères grisés par la technique, envoûtés par la vitesse, acharnés à faire ce vertige une esthétique, et dont l'un des deux change au péril de sa vie d'identité physique.

    Affalés sur un canapé, Villepin et Hollande surenchérissant sur la médiocrité de Sarkozy, feignant de la déplorer quand elle est surtout leur sésame ; au moins les mouches ne se plaignent-elles pas de l'odeur du fumier.

     Il me prend le bras en parlant et je n'ai qu'une envie, être parcouru d'un tel courant électrique qu'il soit projeté en arrière et sonné plusieurs heures. Une autre conséquence serait bien entendu mon décès immédiat, mais ce type est capable de tout.

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  • 18

    J'aimerais avoir leur enthousiasme, justement parce que je saurais en faire matière à regrets.

    Des femmes ou des films, aucune hiérarchie ni aucune typologie ne tient longtemps. Tout nouvelle arrivée bouleverse la donne et réduit en miettes le patient édifice de leur mise en ordre.

    Hier soir tard, L627 sur la Deux, entouré sur la Une et la Trois de magazines consacrés à l'ultraviolence, au quotidien de patrouilles policières, aux banlieues qui s'embrasent. Comme les trois écrans simultanés du Napoléon d'Abel Gance, l'immersion est saisissante, permettant lors du rapide changement d'une chaîne à l'autre, une vertigineuse comparaison entre le réel, sa recréation journalistique, sa transposition cinématographique. Il est d'usage de féliciter le film de Tavernier qui datant de 1992, "n'a pas pris une ride". Quelques détails pourtant sautent aux yeux grâce à ce triptyque : les dealers y ont trente ans bien sonnés et les policiers tête nue interpellent en blouson léger ; pas le moindre enfant lanceur de mortier dans le champ.

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  • 17

    Un rêve au tracé aléatoire : départ en train de nuit, rencontres morbides dans les compartiments (chien malade, vieillard en proie au fou-rire, passagers statufiés) puis arrivée au petit matin sur une plage. Une femme nue qui sourit en sortant des vagues, et qui me croise de très près, sans cesser de sourire et sans un adieu.

    Hier soir, cet homme plus très jeune qui se hâte, deux jerricanes à bout de bras et la tête inclinée sur le portable, son vif "Y a pas de soucis !" avant de regagner la Mégane.

    Deux films français au hasard, l'un félicité par la critique (polar trouble et ralenti aux frontières du documentaire), l'autre moqué (film de casse clinquant avec arnaques en séries), Le tueur de Cédric Anger et Cash d'Eric Besnard, d'allure bien différente et d'esprit pourtant similaire. D'abord parce qu'ils sont engorgés de références jamais mises en relation (c'est bien beau d'avoir des lettres, encore faut-il savoir les articuler), se servant du genre comme d'une machine à blanchir pastiches et parodies ; ensuite parce qu'ils ne parviennent jamais à cacher leur trouille, celle de n'être pas assez modernes, pas assez dans la revitalisation, la remise au goût du jour, le dépoussiérage, si bien qu'ils s'empressent d'injecter dans leurs plans anodins ou plagiés, de légers ralentis, de courtes accélérations, voire de brefs arrêts sur images, jamais justifiés bien entendu, tics d'écriture qui les identifient immédiatement et les rattachent, qu'ils le veuillent ou non, au banal cinéma de Restauration qui sévit partout.

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  • 16

    Un chandail déchiré au coude, un livre rangé à l'envers, l'auriculaire replié dans la paume pendant la caresse maladroite : lorsque je repense aux dernières années de mon père, à tout ce qu'il n'a pas su dire, à tout ce que j'ai feint de comprendre, il ne me reste que ces quelques détails visuels, dont la trivialité atténue tout juste l'insistance.

    En complet désaccord avec les récents propos méprisants de Depardieu sur Léos Carax, Juliette Binoche ou les grèves, je garde cependant un faible pour ceux qui osent souiller "les mots de coton", novlangue qui colmate et qui panse au lieu de réveiller. Oui, il faut de l'aigreur, du malaise, de la goujaterie, de la stupidité, de la maladresse et de la mauvaise foi contre la douceur obligatoire. Mieux vaut la gueule de bois que la langue.

    Je suis bien placé pour parler de Tony Curtis : j'ai été Danny Wilde pendant de nombreux mois au début des années 80... (la preuve ici).

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  • VOUS ALLEZ RENCONTRER UN BEL ET SOMBRE INCONNU, DE WOODY ALLEN

    L'innovation du week-end sur Cinématique, c'est l'apparition des toujours surprenants "petits films en prose" de Jacques Sicard. Pour voir et ressentir le cinéma autrement.  

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     « Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu ». L'œil mécanique d'Allen qui jamais ne coupe et jamais ne se ferme, surplace et pas d'échappatoire, ne perd pas une miette des effets de l'augure.

     Voici le désir, travailleur möbiusien, une vie/une fonction, qui n'a de cesse de vouloir boucher un trou dans un tissu mité ou d'en percer un au mitan d'un mur aveugle. Tout demeura, bien sûr, en l'état. Pulsion et volonté ici se conjuguant pour rendre l'existence plus médiocre et bête qu'elle n'est. Avec pour conséquence, qu'il se casse la gueule, mais au ralenti, par une sorte de décomposition chronophotographique du mouvement où chaque phase répète en la multipliant la violence de l'inévitable impact au sol. Attendre.

     Voici le rêve, ce demi-fou qu'il serait a priori mal venu d'ériger en modèle d'exaltation de la vie, puisque sa folie douce l'en exclut d'emblée. Ou plutôt, le marginalise. Il semble, lui, tomber d'autant moins haut que son délire est vertigineux. La différence s'arrête là. Sis dans la marge et la marge étant ce qui tient la page, selon Godard, la complicité objective, comme on eût dit au temps Rouge et Noir, de sa position ne le rend pas moins acharné que le désir à la conservation du planétoïde. Ainsi de suite.

    (Jacques Sicard)

     

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  • 15

    Lorsqu'on tient un journal ou un blog, il n'y a au bout d'un certain temps que deux attitudes qui perdurent : faire le méchant ou le clown. Après un excès dans un sens, il faut sans sourciller redresser la barre, et passer de l'invective à la gaudriole, ou plus rarement, de la boutade à l'insulte. Plus rarement car lorsque l'on est tombé dans la farce, il est difficile de s'en nettoyer tout à fait (je ne citerai aucun nom célèbre).

    Dans la recréation du monde que vise Eugène Green et Terrence Malick, il y a le même lyrisme douloureux, c'est-à-dire ensemble, la certitude que leur tentative est échouée d'avance et la contemplation bouleversée de cet échec ; le projet fou d'une Présence inaltérable et l'enregistrement de son absence. Mais si le premier n'a besoin que du vol d'une feuille rousse pour traduire son émoi, le second exige que la forêt toute entière se secoue.

    L'indépendance, c'est ne pas avoir encore les moyens de sa compromission.

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  • 14

    Ceux qui ne comprennent pas que la recension de courriels par Matzneff constitue un roman digne de ce nom, pétillant et raffiné, nostalgique et vivifiant, me font penser à ceux qui reprochent à Houellebecq d'utiliser des notices de Wikipedia dans les siens. Toujours cette crainte naïve que le matériau n'altère l'édifice, toujours cette vision enfantine de l'écrivain comme créateur de monde ex-nihilo, alors qu'il est d'abord l'organisateur de celui qui lui est donné.

    Dans la file d'attente du dernier Woody Allen, pas très loin derrière moi, une jeune femme rousse, très belle et immensément triste, qui ne voit même pas qu'on la double. Plus tard, à la sortie de la salle, alors que je guette une éventuelle et bénéfique transformation (la magie du cinéma), je me rends compte qu'elle est sortie durant la séance, et que je ne la reverrai jamais.

    Woody Allen ne se répète pas : il s'entête. Et c'est très bien comme ça.

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  • 13

    Si le nombre de visiteurs de ce blog diminue aujourd'hui, je n'en voudrai à personne ; après tout je suis le premier à faire un écart lorsque je croise un chat un peu trop sombre.

    J'apprends qu'Amanda Sthers (qui est à la littérature et au théâtre ce que Florian Zeller est... à la littérature et au théâtre) possède une bastide si chaleureuse que ses amis doivent réserver longtemps à l'avance pour avoir une chance d'y être accueillis. Le plus cocasse (ou le plus terrifiant, c'est selon) est que c'est l'hôtesse elle-même qui s'en flatte.

    Le plagiat aujourd'hui : la copie sans scrupule d'une oeuvre sans intérêt.

     

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  • 12

    Je ne suis pas certain d'aimer autant qu'il le faudrait ceux qui affirment m'aimer autant qu'il est possible ; tant de films amicaux et confortables qu'ainsi je délaisse.

    Même dans le pire des navets (Un mari de trop sur TF1 hier avec la chanteuse Lorie), même au sein du pire ersatz de cabotinage (à cet âge, on ne cabotine plus, on fait comme si), Delon parvient encore, par un geste retenu de la main, un sourire léger qui s'attarde, un regard fixé qui pourtant s'absente, à manifester sa force ; et c'est bouleversant.

    Je n'arrive pas encore à lire le dernier Houellebecq  : en bas de page et même entre les lignes, des analyses poussées, des remarques judicieuses et des entretiens savants empiètent sur le texte, au point que je me demande si celui-ci n'est pas devenu la mise en bouche de leur grande bouffe.

     

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  • 11

    Il se passe quelque chose d'assez extraordinaire aujourd'hui, qui surtout risque de ne jamais se reproduire, ce qui en fait tout le prix : le numéro de la note correspond très exactement à la date du jour. C'est à des détails comme celui-là que l'on accepte mieux l'idée que tout est lié...

    Il n'est décidément pas facile de désigner un vainqueur entre l'extrême mauvaise foi de Jean-Luc Mélenchon et l'abjecte rouerie des journalistes ; j'aurais au bout du compte tendance à privilégier l'hypocrisie lasse de l'arbitre, c'est-à-dire la mienne.

    Jacques Sicard m'envoie de temps en temps ses admirables notules poétiques, qui donnent l'air de rien un bon coup de vieux aux critiques modernes si souvent cousues de fil blanc ; celle-ci par exemple : "On aura eu beau parler à propos de Partie de campagne, sa luxuriante beauté naturelle, de la fidélité de Jean Renoir à son père et à l'impressionnisme - ce baiser luxurieux, au secret d'une île, qui prélude à l'inachèvement du film, semble au contraire nous en éloigner au moyen de deux trois conseils : marchez sans bruit - fraîcheur qui trame l'air tiède de l'après-midi, plus désirée que réelle, iris, roselière, terre moussue, et là, fermez à clé ; plongez vos yeux - dans ceux de l'autre, migraine ophtalmique, et là, tenez le symptôme pour une chance ; ne bougez plus - la nuit va se séparer du jour, le côté cour et le côté jardin de toujours, et là, liez vos lèvres amoureuses par un nœud qui étrangle les roseaux."

     

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  • 10

    La délicate Roselyne Bosch affirme que ceux qui n'ont pas apprécié La Rafle, film subtil s'il en est, sont "des pisse-froid qui rejoignent Hitler en esprit" (et par conséquent, si l'on pleure, j'imagine que cela suppose qu'on aurait fait partie des Justes). Il faudrait sans doute aller plus loin, et enfin admettre que ceux qui considèrent Des hommes et des dieux comme manquant singulièrement de relief sont des satanistes en puissance et ceux qui ont été consternés par Adèle Blanc-Sec des adorateurs de Pazuzu. Mais ça, qui osera le dire ?

    Hier soir, du ciel jusqu'aux quais, le même gris perlé : aucun lac à l'horizon.

    Cette femme que je vois s'approcher boîte légèrement et le dissimule à sa façon, en se passionnant pour des vitrines banales, ce qui donne à sa démarche oscillante une justification commerciale et non plus maladive. C'est cela aussi, l'air du temps.

     

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